6-12 ans
Adolescence
Adolescents et réseaux sociaux : danger ou opportunité ?
26 juin 2025

Adolescents et réseaux sociaux : entre risques, apprentissages et éducation
Adolescents et réseaux sociaux : un duo inséparable, et souvent source d’inquiétude pour les parents comme pour les éducateurs. En France, l’âge moyen du premier smartphone est de 9 ans, et plus de 90 % des 13-17 ans utilisent activement au moins un réseau social selon l’association e-Enfance. TikTok, Instagram, Snapchat… Les jeunes y passent plusieurs heures par jour, avec des effets de plus en plus documentés sur leur santé mentale : troubles du sommeil, anxiété, baisse de l’estime de soi, addiction numérique.
Face à ce constat alarmant, certains États envisagent des restrictions d’accès aux réseaux sociaux pour les mineurs, voire des interdictions. Mais cette solution est-elle réellement adaptée ? Dans son podcast L’Île aux ados, Marilyn Mesguich, en charge de la coordination collège et des disciplines littéraires, de l'histoire-géographie et des sciences dans notre collège innovant de Marseille, partage des témoignages éclairants : ses élèves révisent la philo avec TikTok, apprennent le coréen grâce à la K-pop sur YouTube, créent des entreprises via Instagram ou militent sur les réseaux pour le climat. Autant d’exemples qui montrent que les réseaux ne sont pas uniquement des dangers : ils peuvent aussi être des leviers d’apprentissage, d’expression et d’émancipation.
Alors, comment concilier prévention des risques et valorisation des opportunités ? L’interdiction pure et simple est-elle souhaitable – ou faut-il plutôt repenser notre rôle d’adultes pour accompagner les adolescents dans un usage éclairé et responsable des réseaux sociaux ?
Réseaux sociaux et adolescents : des usages massifs, dès le plus jeune âge
Dès l’entrée au collège – parfois même avant – les réseaux sociaux s’imposent dans la vie des adolescents. Selon l'enquête sur les pratiques numériques des 11-18 ans menée par l'association Génération Numérique, 59% des enfants de 11-14 ans ont en permanence un appareil numérique (ordinateur, téléphone, tablette) avec eux dans leur chambre. Ils sont 86% des 15-18 ans dans la même situation. Snapchat, TikTok et Instagram constituent le tiercé gagnant des réseaux sociaux les plus utilisés.
Au-delà du simple loisir, ces réseaux remplissent une fonction profondément sociale : ils permettent aux jeunes de se sentir appartenir à un groupe, d’exprimer leur personnalité, de tester leur image, de recevoir des signes de reconnaissance et d’exister aux yeux des autres. Un besoin d’autant plus fort à l’adolescence, période de construction identitaire et de quête de validation extérieure. Dans cette même étude, les jeunes interviewés estiment quant à eux que ces réseaux sociaux permettent prioritairement de :
- communiquer avec les ami·es ou la famille ;
- apprendre de nouvelles choses ;
- se divertir.
La pandémie de Covid-19 a accentué cette tendance. Les confinements successifs ont privé de nombreux adolescents de liens physiques avec leurs pairs. Les réseaux sont alors devenus leur principal espace d’interactions, de soutien et de divertissement. Depuis, cette hyperconnexion s’est ancrée dans leur quotidien, bien au-delà du contexte sanitaire.
Mais si les réseaux comblent un besoin relationnel, ils façonnent aussi les normes, les références et les émotions. Le « like » devient un indicateur de valeur, le « scroll » une manière d’occuper les silences, et l’écran, un prolongement de soi. Eux sont nés avec. Ils façonnent leurs codes, des codes qui façonnent et gouvernent les usages et échappent aux parents. Et pourtant, une des clés pour mieux accompagner les jeunes dans leur navigation numérique réside dans cette compréhension de ces codes.

Quels sont les dangers des réseaux sociaux pour les ados ?
Si les réseaux sociaux offrent des opportunités d’expression et d’apprentissage, ils représentent aussi un terrain semé d’embûches pour les adolescents. Leur impact sur la santé mentale est désormais largement documenté. L'enquête précédemment nommée indique les 3 premiers impacts négatifs des réseaux sociaux :
- addiction à ces réseaux ;
- propagation des rumeurs ;
- contribution au cyber-harcèlement.
On retrouvait ce même constat dans l'enquête de 2022 de 'lUnaf, Parents, enfants et numérique.
Dans son enquête EnCLASS de 20225 sur la santé mentale et le bien-être des collégiens et lycéens en France hexagonale, Santé Publique France révèle que 51% des collégiens et 58% des lycéens présentent des plaintes somatiques et/ou psychologiques récurrentes. 14% des collégiens et 15% des lycéens présentent un risque important de dépression. La santé mentale et le bien-être se dégrandent durant le collège et ne s'améliorent pas au lycée.
Plusieurs rapports, comme celui notamment de l'OMS sur Les adolescents, les écrans et la santé mentale, indiquent que l’usage intensif des réseaux est directement corrélé à des troubles du sommeil, de l’estime de soi et à un sentiment d’insatisfaction chronique, lié à la comparaison sociale permanente.
Une surexposition émotionnelle
Dans l'épisode consacré aux ados et aux réseaux sociaux du podcast L’île aux ados, Marilyn Mesguich raconte :
« Certains ados qui se détestent se surexposent pourtant chaque jour sur les réseaux, postent des dizaines de stories comme s’ils cherchaient une reconnaissance qu’ils ne trouvent nulle part ailleurs. »
Cette surexposition, souvent inconsciente, les expose à la moquerie, aux critiques, et parfois même au harcèlement en ligne. Les cas de cyberviolence sont en hausse, et les vidéos filmées dans la cour d’école circulent parfois en quelques heures dans tout un établissement, sans possibilité d’effacer ce qui a été vu par des centaines d’yeux.
Algorithmes et manipulations
Les jeunes sont également vulnérables à la désinformation, aux contenus violents ou extrêmes, et aux manipulations des algorithmes, qui favorisent l’addiction aux contenus polarisants ou sensationnalistes. Les bots, trolls et comptes anonymes participent à la confusion et à l’aggravation des tensions, en diffusant des discours haineux ou en amplifiant les divisions. Nous avons d'ailleurs évoqué ce nécessaire développement de l'esprit critique par rapport à ce que diffusent les réseaux sociaux dans l'article sur l'éducation à l'IA dès le primaire.

Seul(e)s, face au monde
Le paradoxe est flagrant : plus les adolescents sont connectés, plus ils peuvent se sentir isolés. L’illusion du lien social masque parfois une solitude réelle, une dépendance aux notifications, une quête effrénée de validation… et une vie « par procuration », comme le chantait Goldman, mais version 2.0. La vie des autres semble tellement plus excitante. Ils peuvent passer 7 heures sur les réseaux et avoir l'impression de n'y être que depuis 15 minutes.
Frustration, injustice, tels sont les sentiments éprouvés. Noyés dans la masse d'informations qui leur parviennent, les jeunes manquent de recul pour faire la part des choses, se reconnecter à eux, à l'instant présent.
Dans ce contexte, il est essentiel de ne pas diaboliser, mais de comprendre les mécanismes en jeu pour accompagner les adolescents, au lieu de les laisser seuls face à un monde numérique aux codes mouvants et souvent déroutants.
Et pourtant… les réseaux peuvent aussi être des leviers d’apprentissage
Réduire les réseaux sociaux à une simple menace reviendrait à passer à côté d’un pan essentiel de ce qu’ils représentent pour les adolescents d’aujourd’hui. Si les dangers sont bien réels, les usages positifs existent aussi, et méritent d’être reconnus, valorisés… et encadrés.
Apprendre autrement, avec motivation
Dans le podcast L’Île aux ados, Marilyn Mesguich partage une anecdote frappante. En effet, ses élèves ont préparé leur épreuve de philosophie au bac avec des vidéos partagées par un prof de philo sur Tik-Tok. Ils avaient trouvé un professeur qui vulgarisait les concepts avec humour, clarté et rigueur. Plutôt que de s’y opposer, Marilyn a regardé les vidéos avec eux et validé la démarche. Spoiler : aucun n’a eu moins de 14.
Ce témoignage illustre ce que les pédagogues appellent l’apprentissage informel : des savoirs acquis en dehors du cadre scolaire, souvent de manière spontanée, motivée, et pleine de sens pour les jeunes.
Créer, se découvrir, s’émanciper
Les réseaux sont aussi des espaces d’expression de soi, de créativité et d’expérimentation. Une élève y a appris seule le coréen grâce à une communauté de K-pop dont elle est devenue l'ambassadrice en France. Une autre s’est vue proposer une bourse dans une école de danse new-yorkaise après avoir posté ses chorégraphies sur Instagram. Un adolescent a appris le piano via des vidéos YouTube, sans jamais avoir pris un cours en présentiel.
« Les ados, grâce aux réseaux, développent des compétences incroyables, des apprentissages en tout genre, transmettent des savoirs, partagent des expériences, créent de la nouveauté, s'entraident, sortent d'une forme d'isolement pour certains. En bref, ils s'émancipent. », résume Marilyn.
Les réseaux peuvent devenir des tremplins personnels, voire professionnels, à condition d’être bien utilisés.
Autonomie, confiance, engagement
Contrairement à l’image de passivité souvent associée aux écrans, certains jeunes y trouvent un moyen d’action et d’engagement. L’une des élèves de Marilyn Mesguich est ainsi devenue porte-parole de la jeunesse pour le climat sur TikTok. Elle a été repérée par une élue belge. D’autres s’engagent dans des débats sociétaux, partagent leurs créations artistiques, ou lancent des marques en ligne.
Ces expériences favorisent le développement de compétences clés pour l’avenir : autonomie, esprit d’initiative, sens critique, créativité, communication.
Autant de raisons pour ne pas jeter les réseaux sociaux avec l’eau du bain numérique, mais pour les considérer aussi comme des outils d’apprentissage et d’expression – à condition de les utiliser avec conscience et accompagnement.

Ados et réseaux sociaux, quel est le problème ? Le manque d’éducation au numérique
Si les réseaux sociaux posent problème, ce n’est pas parce qu’ils existent, mais parce que nous avons laissé les adolescents seuls face à eux, sans préparation ni accompagnement. Autrement dit, le vrai danger, ce n’est pas TikTok ou Instagram en soi, c’est l’absence d’éducation au numérique.
Réseaux sociaux : des adolescents livrés à eux-mêmes et des adultes dépassés
Comme le souligne Marilyn dans L’Île aux ados :
« On [les adultes NDLR] n'est pas nés avec, on ne maîtrise pas, et eux, oui, et à la perfection. En général, ce qu'on ne maîtrise pas nous rend vulnérables par rapport à l'autre. Nous sommes donc vulnérables face à nos enfants pour leur plus grande satisfaction. Aucun de nous, parents, enseignants, éducateurs, thérapeutes, ne sommes épargnés par ce constat, toute classe sociale confondue.
Mais de leur côté, les jeunes, sont vulnérables aussi car en pleine construction. Et comme nous, adultes, sommes incompétents au sens théorique pour les former, les éduquer, les protéger, les sensibiliser, les arrêter, eh bien, ils se font leur propre éducation au réseau, seuls dans leur chambre ou entre eux, avec toutes les pépites énumérées plus haut et toutes les dérives qui peuvent, et qui souvent en découlent ».
Ils créent leurs propres codes, parfois cryptés, et développent des usages qui échappent aux adultes. Loin d’être malveillants, ils sont simplement ignorants des conséquences de leurs actes en ligne.
Face à cela, les parents, enseignants, éducateurs peinent à suivre. Beaucoup n’ont pas grandi avec ces outils, et se sentent illégitimes ou impuissants. Résultat : ils fuient le sujet, ou réagissent trop tard.
Ce décalage crée une vulnérabilité des deux côtés, et nourrit un fossé intergénérationnel.
L’urgence : développer les compétences psychosociales
Pour accompagner les jeunes dans leur vie numérique, interdire ne suffit pas. Il faut leur transmettre des repères éthiques, émotionnels et relationnels. Cela implique de travailler sur les compétences psychosociales fondamentales :
- L’empathie : pour comprendre l’impact d’un message ou d’une image sur autrui.
- La régulation émotionnelle : pour ne pas réagir à chaud, éviter l’humiliation ou la vengeance publique.
- La pensée critique : pour prendre du recul sur les contenus, les algorithmes, les fake news.
- La confiance en soi : pour ne pas se définir uniquement par des likes ou des vues.
Un enjeu pédagogique majeur
Ce travail est au cœur des pédagogies actives, comme celles pratiquées dans les écoles internationales Esclaibes. En favorisant la connaissance de soi, l’expression authentique, le débat, la coopération, elles offrent aux jeunes des outils pour exister autrement qu’en réaction ou en mise en scène.
Le défi n’est pas seulement d’apprendre à utiliser les réseaux sociaux, mais d’apprendre à se positionner dans le monde numérique avec humanité et discernement.
Réseaux sociaux : interdire ou accompagner ?
Face aux risques liés aux réseaux sociaux, la tentation d’interdire peut sembler légitime. Certains États envisagent des restrictions d’accès, comme c’est le cas en France avec le débat sur un âge minimum requis ou l’interdiction des téléphones à l’école. Pourtant, l’interdiction seule n’est pas une solution durable. Elle crée souvent un effet de contournement, de frustration ou de défi chez les adolescents, sans leur donner les outils pour comprendre et réguler leur usage.
Accompagner avec dialogue et clarté
L’une des clés est la co-éducation : poser un cadre ferme mais juste, et surtout parler des réseaux avec les jeunes. Il ne s’agit pas de tout contrôler, mais de :
- créer un espace de discussion autour des usages et des contenus vus ;
- s’intéresser sincèrement à leur univers numérique, sans jugement ;
- leur demander de nous expliquer comment ça fonctionne, ce qu’ils aiment, ce qui les touche.
« Demandez-leur un coup de main pour vos propres réseaux », suggère Marilyn. « Vous renforcez ainsi du lien si important pour le maintien des relations. »
Des stratégies concrètes d’accompagnement
Pour accompagner plutôt qu’interdire, plusieurs actions peuvent être mises en place :
- fixer des temps d’écran raisonnés et personnalisés selon l’âge ;
- préserver des moments sans téléphone, comme les repas, les devoirs ou le coucher ;
- instaurer une zone sans écrans dans la chambre ou dans les espaces partagés ;
- encourager les pauses numériques, y compris le week-end ;
- proposer des activités alternatives : sorties, activités culturelles, discussions, jeux, sport ;
- intégrer le numérique dans les projets pédagogiques (ateliers sur les réseaux, podcasts, créations numériques guidées) pour développer un regard critique.

Former sans culpabiliser
Enfin, il est essentiel de ne pas culpabiliser les parents ni diaboliser les adolescents. Chacun fait ce qu’il peut, avec les outils qu’il a. Mais en posant des limites claires, en ouvrant le dialogue, et en valorisant les bonnes pratiques, on peut faire des réseaux un terrain d’apprentissage, pas de mise en danger.
Adolescents et réseaux sociaux : une question d’équilibre
Les réseaux sociaux font désormais partie intégrante du quotidien des adolescents. Les ignorer ou les diaboliser ne ferait que creuser le fossé entre générations. L’enjeu, aujourd’hui, n’est pas de fuir ces outils, mais bien d’apprendre à les dompter : comprendre leurs mécanismes, leurs effets, leurs usages, pour mieux les encadrer.
C’est pourquoi il est essentiel de développer dès le plus jeune âge une éducation critique au numérique, au même titre que l’on apprend à lire ou à raisonner. Les adolescents ont besoin d’être outillés pour repérer les dérives, prendre du recul, faire preuve d’empathie, et exercer leur libre arbitre dans un monde hyperconnecté.
Car les réseaux peuvent aussi devenir de formidables leviers d’émancipation : apprendre, créer, s’engager, partager. Mais cela suppose un accompagnement, une vigilance, et un véritable dialogue entre jeunes et adultes.
Dans les écoles bilingues internationales Esclaibes, cette approche fait partie intégrante du projet éducatif : renforcer la pensée critique, stimuler l’estime de soi, développer la capacité à créer du lien réel. Ce sont ces compétences-là, humaines, durables, qui permettront aux futurs adultes de demain de ne pas être simplement consommateurs d’images, mais acteurs conscients de leur vie numérique.
5
Campus
+20
Nationalités
2
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