3-6 ans
6-12 ans
L’accompagnement individualisé à l’école : fondements et pratiques
10 novembre 2025

Accompagnement individualisé à l’école : une réponse aux défis du système éducatif
Dans une note récente, l’Observatoire de l’éducation (Fondation Jean-Jaurès) soulignait combien l’accompagnement individualisé à l'école reste un angle mort du système éducatif français. Dans les écoles Esclaibes, cette individualisation est pourtant au cœur de la pédagogie depuis toujours. Amanda Ceselia, directrice pédagogique d'Esclaibes International Schools, revient sur les principes scientifiques et pratiques qui fondent cet accompagnement, ainsi que sur les bénéfices concrets observés chez les élèves.
Accompagnement individualisé et apprentissage efficace : les fondements scientifiques du travail individuel
Les recherches en sciences cognitives, notamment celles de Stanislas Dehaene, neuroscientifique spécialisé en psychologie cognitive, ont identifié quatre piliers essentiels de tout apprentissage efficace
- l’attention ;
- l’engagement actif ;
- le retour sur erreur ;
- la consolidation.
Ces piliers ne décrivent pas spécifiquement l’accompagnement individualisé, mais ils constituent un cadre de référence pour concevoir des pratiques pédagogiques qui favorisent la réussite de tous les élèves.
Dans les écoles Esclaibes, nous intégrons les apports de la recherche en sciences cognitives pour repenser les modalités de travail, organiser le travail individuel et ajuster les apprentissages à chaque enfant.

1- Développer la motivation intrinsèque et l’attention
Nous attachons une importance essentielle à la création d’un environnement à la fois sécurisant et stimulant, qui permette à l’enfant d’agir de manière autonome. Cet équilibre vise à proposer des situations suffisamment motivantes pour encourager l’engagement, sans pour autant placer l’enfant en difficulté.
Selon la théorie de Vygotski, l’apprentissage se situe dans la « zone proximale de développement », c’est-à-dire entre ce que l’enfant peut réaliser seul et ce qu’il peut accomplir avec un accompagnement adapté. L’observation fine des besoins, des compétences et des stratégies de l’enfant permet à l’enseignant d’ajuster ses propositions pédagogiques afin de maintenir cet équilibre.
Ce processus d’observation, d’ajustement et de différenciation constitue un fondement essentiel de notre approche éducative.
Dans nos établissements, la présentation des notions aux élèves s’effectue :
- de manière individuelle en maternelle ;
- puis en petits groupes à l’école élémentaire.
Cette organisation pédagogique vise à optimiser les conditions d’attention des enfants. En effet, il a été démontré que chez l’être humain, l’attention et les processus d’apprentissage sont étroitement liés à la dimension sociale de l’interaction. Ce phénomène, désigné sous le terme d’attention partagée, renvoie à la capacité de l’enfant à orienter son attention en fonction des signaux sociaux émis par autrui.
Les travaux des psychologues hongrois Gergely Csibra et György Gergely ont mis en évidence que, dès les premiers stades du développement, l’attention de l’enfant est fortement influencée par les indices communicatifs intentionnels provenant des adultes. La présence d’un tuteur humain constitue ainsi un modulateur majeur de l’apprentissage, en activant des mécanismes cérébraux spécifiques de traitement de l’information sociale.
Dans cette perspective, les modalités d’enseignement individuel mises en œuvre dans nos écoles favorisent une mobilisation optimale de l’attention de l’élève. Elles s’appuient sur :
- la dynamique naturelle de l’attention conjointe ;
- la valeur cognitive des interactions interpersonnelles.
Ces temps de présentation individuelle sont propices à l’enseignement explicite. Cette approche complète la démarche pédagogique en accompagnant chaque élève, pas à pas, vers la compréhension des concepts fondamentaux. Les élèves s’exercent ensuite de manière guidée avant de passer à une pratique autonome.
Les recherches en éducation ont clairement démontré l’efficacité d’un enseignement systématique et progressif. Concrètement, cela signifie que chaque nouvelle notion est d’abord présentée et expliquée par l’enseignant, puis décomposée en étapes simples.
Le Conseil scientifique de l’Éducation nationale (CSEN) résume bien cette méthode :
« l’enseignement explicite est “structuré, avec des explications claires, des démonstrations et une pratique guidée par l’enseignant” ».
Ce cadre permet aux élèves d’acquérir des bases solides tout en développant la confiance nécessaire pour aborder des tâches plus complexes.

2- Développer la démarche scientifique et l’engagement actif
Dans nos écoles, l’apprentissage individuel se construit dès la maternelle autour de la recherche, de l’expérimentation et de la manipulation de matériel concret. Cependant, cet apprentissage seul ne suffit pas : il doit être accompagné de dispositifs essentiels, tels que l’enseignement explicite vu précédemment et le retour sur erreur qui sera détaillé par la suite. Sans ces appuis, l’enfant rencontrerait de grandes difficultés à maîtriser pleinement les savoirs
La recherche en didactique confirme que l’usage de matériel concret facilite l’acquisition des concepts. Ces expériences concrètes permettent à l’enfant de :
- tester ses hypothèses ;
- voir les résultats de ses actions ;
- construire une représentation mentale solide avant d’aborder les notions abstraites.
L’engagement actif se manifeste lorsque le cerveau est attentif, concentré et pleinement impliqué dans la création de modèles mentaux. Dans nos classes, nous préparons l’environnement et mettons en place des activités pédagogiques variées et stimulantes qui incitent les élèves à adopter une pensée réflexive, à émettre des hypothèses et à les tester. C’est ainsi qu’ils apprennent efficacement.

3 - Apprendre à apprendre grâce au retour sur erreur
L’autocorrection joue un rôle central dans le processus d’apprentissage, car elle engage l’enfant dans une démarche active de compréhension et d’amélioration. Dans nos établissements, le matériel est conçu pour être autocorrectif : il offre ainsi un retour immédiat à l’enfant et lui signale la voie correcte à suivre.
Les recherches de Robert Rescola et Allan Wagner, chercheurs américains, indiquent que le cerveau n’apprend véritablement que lorsqu’il est confronté à l’erreur. Apprendre ne consiste pas simplement à recevoir une information, mais à formuler une hypothèse, à la tester et à analyser l’écart entre ce que l’on attendait et ce que l’on observe.
En s’appuyant sur ces recherches, Stanislas Dehaene, dans son ouvrage Apprendre ! - Les talents du cerveau, le défi des machines, explique que le cerveau fonctionne comme un système de prédiction : il anticipe les résultats d’une action ou d’une réponse
- Lorsque le résultat correspond à la prédiction, le cerveau confirme la justesse du raisonnement.
- En revanche, lorsqu’il y a erreur, une alerte cognitive se déclenche : c’est le signal d’une mise à jour nécessaire des représentations mentales.
Cette confrontation entre la prédiction et la réalité est donc un moment clé de l’apprentissage.
Ainsi, le retour sur erreur ne doit pas être vécu comme une sanction, mais comme une opportunité d’ajustement. Dans un cadre éducatif bienveillant, l’enfant apprend à identifier l’origine de son erreur, à en comprendre le sens, puis à modifier sa stratégie. Ce processus développe à la fois sa confiance en lui et sa capacité réflexive : il ne subit plus l’évaluation, il en devient acteur.
L’autocorrection favorise donc un apprentissage durable, car elle stimule les réseaux cérébraux de la métacognition, c’est-à-dire la capacité à penser sur sa propre pensée. Le retour sur erreur permet à l’élève de comprendre que l’erreur n’est pas un échec, mais une étape essentielle du processus d’apprentissage.

4 - Ancrer durablement les apprentissages par la consolidation
Au début de tout apprentissage, l’acquisition des connaissances requiert un engagement soutenu de la part de l’apprenant. Le savoir se construit progressivement, par la répétition et sur la durée. La consolidation des connaissances correspond au passage d’un traitement lent, conscient et exigeant à un fonctionnement rapide, automatique et inconscient.
Dans nos établissements, plusieurs dispositifs sont mis en place pour soutenir ce processus de consolidation. Chaque classe est organisée autour des compétences propres à chaque cycle, sans cloisonnement par niveau. Ainsi, les classes de maternelle accueillent des enfants de 3 à 6 ans, tandis que les classes élémentaires regroupent les cycles 2 et 3. Cette organisation permet aux élèves de bénéficier d’une continuité pédagogique stimulante et de réinvestir les notions déjà travaillées.
Dès la maternelle, l’enfant peut reprendre un exercice autant de fois que nécessaire, favorisant la répétition, essentielle à l’apprentissage. Le matériel pédagogique est conçu de manière progressive. Il est réutilisé tout au long des cycles scolaires, garantissant continuité et consolidation des connaissances.
Par ailleurs, de nombreuses routines sont instaurées pour développer l’autonomie et renforcer les acquis. En élémentaire, les plans de travail individuels suivent une approche spiralaire. Ils permettent de réinvestir régulièrement les notions abordées tout en introduisant progressivement des difficultés adaptées au niveau de chaque élève.
La mise en place de routines joue un rôle essentiel dans le développement des capacités cognitives de l’enfant. Tant qu’un apprentissage n’est pas encore automatisé, il demande une mobilisation importante des ressources attentionnelles et exécutives, ce qui limite la capacité de l’enfant à se concentrer sur d’autres tâches ou à assimiler de nouvelles informations.
Le processus de consolidation des apprentissages, par lequel une compétence devient progressivement automatique, permet de libérer ces ressources cognitives. Cela facilite l’acquisition de nouvelles connaissances et le développement de fonctions cognitives plus complexes (Anderson, 2010 ; Posner & Rothbart, 2007).
Les recherches en neurosciences cognitives indiquent que l’automatisation réduit la charge sur le cortex préfrontal, impliqué dans le contrôle exécutif et l’attention soutenue. Elle permet au cerveau de diriger son attention vers des tâches nécessitant un traitement plus complexe ou créatif (Schneider & Shiffrin, 1977 ; Chein & Schneider, 2012).
Ainsi, les pratiques routinières jouent un rôle clé pour optimiser l’apprentissage et aider l’enfant à gérer efficacement ses ressources cognitives au quotidien.
Des temps de remédiation peuvent être mis en place et permettent aux élèves de consolider leurs apprentissages en revenant sur les notions non maîtrisées. Grâce à un accompagnement ciblé et différencié, ils favorisent la compréhension, la progression et la confiance en soi.
Le tutorat, complémentaire à ces temps, offre un cadre bienveillant où les élèves s’entraident : les pairs-tuteurs soutiennent leurs camarades dans la révision et la mise en pratique des savoirs. Ils renforcent ainsi leurs propres compétences et la coopération au sein du groupe.

L'accompagnement individualisé à l'école, une réalité concrète dans nos classes
En maternelle, le travail est majoritairement individuel, car il correspond à la phase de développement où l’enfant a besoin de concentration et de répétition personnelle. En élémentaire, les apprentissages deviennent multimodaux : selon la nature de l’activité ou la maturité sociale des élèves, le travail peut être individuel ou collaboratif.
Le suivi reste cependant toujours individualisé : chaque enseignant connaît précisément la progressivité de chaque enfant et adapte les apprentissages en fonction de ses besoins, comme nous l'expliquons plus en détail dans notre article sur le suivi personnalisé des élèves.
Cette individualisation est rendue possible grâce :
- aux petits effectifs ;
- aux modalités de travail et à la préparation de l’environnement ;
- à la richesse de nos classes multiâges, qui créent une dynamique d’entraide et d’émulation et favorise la coopération entre enfants. Les plus jeunes observent et apprennent des plus âgés, tandis que les plus grands consolident leurs acquis en expliquant et en accompagnant leurs camarades.
Plusieurs travaux insistent sur l’importance de cette individualisation pour réduire les inégalités : ainsi, dans sa note de septembre 2025, l'observatoire de l'éducation de la Fondation Jean-Jaurès observe que l’absence d’un véritable accompagnement personnalisé « fragilise les élèves les plus vulnérables et creuse les inégalités ».
À l’inverse, un suivi individualisé, renforcé par des effectifs réduits, est en phase avec l’idéal républicain d’égalité des chances. Les classes à petits effectifs nous permettent de repérer rapidement qui a besoin d’un soutien spécifique (pédagogie spécialisée, aménagement du temps, exercices différenciés) et de l’accompagner sans attendre.

S’inspirer de l’innovation pédagogique : le cas finlandais
Le modèle finlandais, régulièrement salué par PISA comme l’un des meilleurs au monde, met l’accent sur l’individualisation. Les écoles finlandaises réinventent souvent leurs espaces (cloisons mobiles, salles flexibles) pour aider les élèves à bénéficier d’un soutien sur mesure.
Les enseignants y exploitent pleinement ces aménagements : en ouvrant les salles, ils peuvent créer de petits groupes pour une aide ciblée. Ainsi, les élèves passant librement d’un espace à l’autre peuvent facilement demander de l’aide au bon moment, concrétisant l’idée qu’il faut laisser chaque enfant « pousser la porte » menant au soutien.
Une approche éducative fondée sur la recherche et la confiance
Ces données de la recherche montrent que notre démarche – apprentissage concret, soutien explicite, autocorrection, classes multi-âges et accompagnement personnalisé – est cohérente avec les pratiques pédagogiques efficaces et innovantes identifiées au plan international.
Notre approche éducative, fondée notamment sur l'accompagnement individualisé à l'école, permet à chaque élève de progresser selon ses besoins et de construire une vraie autonomie intellectuelle, tout en maintenant la confiance en soi. Elle est fondée sur des principes validés scientifiquement et alignés sur les meilleures expériences étrangères, ce qui bénéficiera certainement à nos élèves comme le suggère la note de l’Observatoire de l'éducation.
Article rédigé par Amanda Ceselia, directrice pédagogique du réseau Esclaibes International Schools
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